Vivre la transfrontalité
connecter deux pays par la marchabilité et les espaces publics
le cas de Valga et Valka
Par l’intégration de plusieurs éléments se voulant piétonniers dans le projet, la marchabilité devient un élément important du projet. En effet la création de l’axe partagé entre les deux églises se veut un espace où le piéton fait loi. Il s'agit donc d'une voie qui aura un caractère bien différent des autres voies routières de la ville et qui, par ses qualités, encouragera le déplacement actif des habitants. Le parc est en soit un espace qui se vit à pied, il doit donc avoir des qualités qui le placent comme tel.
La marchabilité d’un espace, tel que vu dans l’onglet « marchabilité », se base sur cinq facteurs : la connectivité, la compacité, la sécurité, l’aspect visuel et la lisibilité. Il a également été vu qu’il existe différents types de marche (utilitaire/ sociale/ loisir) et que ceux-ci ne se pratiquent pas nécessairement dans les mêmes espaces. Ainsi, il convient de déterminer quel type de marche prendra forme dans les espaces déterminés par le projet.
Tout d’abord, dans le parc transfrontalier se retrouvera nécessairement plus de gens cherchant à pratiquer la marche comme loisir. C’est un espace propice au contact avec la nature. Certains pourront l’utiliser également de manière utilitaire puisqu’il relie plus directement le nord de la ville de Valga avec le centre de Valga, mais la sinuosité des tracés du parc n’aidera probablement pas à augmenter le flux piétonnier utilitaire au travers du parc. Pour ce qui est de la marche sociale, prenant lieu le plus souvent dans des rues commerciales ou qui offrent une vaste gamme d’activités, elle aura moins tendance à prendre lieu dans cet aspect du projet. Tel que vu dans les sections précédentes, le parc possède de nombreuses qualités qui améliorent l’expérience de marche du piéton. De par sa position dans le tissu, littéralement au centre des deux villes, il s’assure une bonne connectivité avec le reste du tissu urbain. La démolition de bâtiments désuets lui permet une meilleure empreinte sur l’espace urbain également. Pour ce qui est de créer un espace sécuritaire, le projet s’y est pris en optant pour une stratégie lumineuse pour attirer les usagers le soir. Encore une fois, la démolition des bâtiments joue pour beaucoup puisque cela permet d’augmenter la surveillance naturelle de l’espace public. Pour ce qui est de l’aspect visuel et de la lisibilité, dans le cas de Cross Border Strands, ces deux aspects sont reliés. En effet, les architectes proposent des tracés de différentes matérialités permettant de qualifier cet espace comme un espace piéton d’une part et d’offrir une expérience différente selon le parcours utilisé par les usagers (voir Richesse et Lisibilité)
Pour ce qui est de la rue partagée, le type de marche qui prendra place dans celle-ci sera avant tout utilitaire. Premièrement par le fait qu’il y a peu de bâtiments à projeter sur cet axe et qu’elle relie les centres des deux pays. Il s'agit donc d'un axe connecteur. De la même manière que dans le parc transfrontalier, la rue est entièrement illuminée, renfonçant son aspect sécuritaire. Cette voie partagée se caractérise aussi par le fait qu’elle ne possède aucun changement de niveau entre l’espace piéton et l’espace routier. De cette manière, l’aménagement de l’espace public donne de l’importance aux piétons.
Transfrontalité
Une frontière est par nature une limite. Dans le cas de Valka et Valga, la frontière fut durant des années une barrière étant donné la rigidité des politiques qu’entretenaient l’Estonie et le Lettonie. Aujourd’hui, la frontière ne peut plus être considérée comme tel, car les deux pays sont membre de l’espace Schengen, qui abaisse les contrôles frontaliers entre les états membres. De toute évidence, la frontière a laissé des traces dans le tissu urbain de la petite ville coupée en deux par la frontière. Cela se ressent entre autre par la zone délaissée au niveau de celle-ci. Cet espace s’explique entre autre par le fait que la frontière historiquement fermée était une périphérie des villes qui se formèrent des centres à distance de celui-ci. Ces centres se retrouvent à proximité des deux églises ciblées par le projet Cross-Border Strands, car c’est là que l’on retrouve la plus forte concentration de bâti spécialisé et de fonctions diverses. C’est donc dans un contexte de « réparation du tissu » que le projet de Cross Border Strands s’inscrit. Il tente de réunifier les deux villes en une seule entité, comme elles l’étaient autrefois, en dépit qu’elles se trouvent dans deux pays différents.
Pour se faire, les architectes ont choisi d’installer tout d’abord un parc à cheval entre les deux pays. La zone délaissée et sans intérêt que l’on retrouve sur la frontière devient espace agréable et structurant de l’espace publique. Il s’inscrit en lien avec le parc linéaire existant situé aux abords de la rivière Pedeli du côté estonien. Ce parc permet de redorer l’image que les habitants de la ville se font de la frontière. Il permet d’effacer, du moins en partie, les effets néfastes qu’a généré la séparation de l’ancienne ville de Walk à l’échelle locale.
Afin d’encourager le déplacement transfrontalier, le projet propose des passerelles afin de passer plus aisément d’un côté comme de l’autre. Cela permet aussi de changer le regard que les habitants posent sur la frontière. Dans le même ordre d’idée, le grand axe reliant les deux églises est travaillé afin d’assurer une meilleure connectivité entre les deux villes.